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La musique à Paris au siècle romantique (1830-1870)

Des « Trois Glorieuses » en juillet 1830 au 4 septembre 1870, trois régimes se succèdent en France: la monarchie de Juillet, la Seconde République et le Second Empire. Même s’ils peuvent l’affecter ponctuellement, ces soubresauts politiques n’empêchent pas la vie culturelle de s’épanouir dans la capitale. Emporté par un élan créatif que le mot « romantisme » peut résumer à grands traits, Paris est alors le centre culturel de l’Europe et l’activité musicale y est intense. La musique, à vrai dire, est partout: dans la rue grâce aux musiciens ambulants, dans les églises, dans les goguettes et autres associations orphéoniques, dans les salons, dans les appartements bourgeois où le piano trône en majesté, etc. Le parcours ici proposé à travers le Paris musical du XIXe siècle se concentrera sur les lieux et les institutions. Autant dire qu’il fera la part belle aux théâtres, à une époque où, pour tout musicien, c’est par la scène lyrique que se conquièrent la fortune et la renommée – et cela même si les décrets de 1806-1807 limitent le nombre de salles et fixent leurs répertoires. Allons, point de retard: il est temps de monter en fiacre afin d’arpenter le Paris de Balzac et de Manet, qui est aussi celui de Berlioz et d’Offenbach.

L’Opéra

La première étape de cette promenade musicale ne saurait être autre que l’Opéra de Paris, à savoir l’Académie de musique – qualifiée au XIXe siècle de « royale », « nationale » ou « impériale » selon les régimes politiques. L’Opéra est, en effet, l’une des plus prestigieuses institutions culturelles du pays et, non sans morgue, s’enorgueillit de son ancienneté. Créé par Louis XIV en 1669, il a beaucoup changé de modes de gestion et de salles depuis sa fondation. De 1794 à 1820, il est installé à l’emplacement de l’actuel square Louvois, dans la salle du Théâtre National construite par Victor Louis pour Marguerite Montansier. Si la proximité de la Bibliothèque nationale fait craindre les conséquences dramatiques que pourrait avoir un incendie, c’est toutefois à un événement politique que l’Opéra doit son déménagement. Le 13 février 1820, l’héritier du trône, le duc de Berry, est assassiné en sortant du théâtre. On décide alors de le détruire et de transporter l’Académie royale de musique dans une salle provisoire qu’on se hâte d’édifier. Construite par François Debret, celle-ci est située rue Le Peletier, à l’angle de la rue Pinon (actuelle rue Rossini). Elle présente une façade de 58 mètres de long et 20 mètres de haut.

La salle Le Peletier est inaugurée le 16 août 1821; toute « provisoire » qu’elle est, elle va abriter l’Opéra pendant plus de cinquante ans, jusqu’en 1873.

Considéré par tous comme le premier théâtre du pays, l’Opéra reçoit une importante subvention et tous les pouvoirs successifs ont à cœur d’en faire le symbole de la supériorité culturelle de la France. Les décrets de 1806-1807, qui encadrent la vie théâtrale, ont de Daniel-François-Esprit Auber, sur un livret d’Eugène Scribe. Ce dernier, librettiste hors pair, remplace les thèmes mythologiques par des sujets d’inspiration romantique et place ses héros, en proie à un conflit intime, au cœur d’une crise historique, le plus souvent religieuse. Il écrit pour Giacomo Meyerbeer (1831), (1836), (1849), (1865), pour Auber (1833) et pour Fromental Halévy (1835). Le succès international remporté par ces ouvrages fait de l’Opéra de Paris le théâtre lyrique le plus prestigieux du monde. Pour monter ces œuvres foisonnantes, un savoir-faire exceptionnel est mobilisé: les décors et les costumes sont d’une grande richesse et d’une parfaite authenticité historique, la mise en scène est grandiose et multiplie les effets spectaculaires.

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