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On croirait ces recherches sorties d’un roman de science-fiction, elles sont pourtant bien réelles. En novembre 2018, He Jiankui, professeur associé à l’université de Shenzhen, dans le sud-est de la Chine, annonçait avoir utilisé la méthode d’édition du génome CRISPR-Cas9 sur des embryons humains pour donner naissance aux premiers bébés génétiquement modifiés, des jumelles prénommées Lulu et Nana. Depuis, ces enfants ne sont jamais apparues en public et leur bonne santé tient aux dires du chercheur.
Il y a aussi les travaux de l’équipe de Bing Su, chercheur à l’Institut de zoologie de Kunming, dans le Yunnan, qui en 2019 dévoilait des macaques dotés d’un gène humain connu pour son implication dans le développement cérébral. Ces derniers affichaient bel et bien une mémoire et des capacités d’apprentissage améliorées ; difficile, toutefois, de savoir ce que sont devenus ces singes augmentés.
La même année, une autre équipe chinoise créait des macaques modifiés pour présenter un trouble du rythme circadien – et ainsi mieux comprendre ses liens avec des pathologies psychiatriques. Une expérience concluante : les primates ont montré des signes d’anxiété, de dépression et des troubles du sommeil.
Enfin, l’année dernière, c’est la naissance d’un macaque chimérique, c’est-à-dire possédant les cellules de deux individus différents, qui a été annoncée par l’Académie des sciences chinoise. L’animal a dû être euthanasié au bout de dix jours tant sa santé se dégradait. Peu à peu, les histoires de ce type s’accumulent et une question émerge : la Chine joue-t-elle à l’apprenti sorcier biologique ?
UNE ÉTHIQUE VARIABLE
La réponse paraît évidente, mais elle est en fait extrêmement, explique Olivier Le Gall, chercheur à l’Inrae et ancien président du conseil d’orientation de l’Office français de l’intégrité scientifique. Or l’éthique évolue dans le temps, avec les valeurs morales et les attentes sociétales poursuit l’expert.