Bien sûr qu’il se souvient quand on lui tend la pochette de notre vinyle d’Alchemy. « J’ai l’habitude d’être le plus vieux surfeur de la plage », concède-t-il dans un sourire fataliste en découvrant le visage de son ancien public. On était gamin, étourdi par la puissance de ce témoignage live. En 1984, Dire Straits est au sommet. Mark Knopfler vient de publier avec son groupe son chef-d’œuvre Love over Gold (1982), sans se douter qu’il lui reste encore au moins une marche à gravir avec Brothers in Arms (1985), l’une des plus grosses ventes jamais enregistrées par l’industrie discographique. Un album plus tard (On Every Street, 1991), l’aventure se terminait pour l’ensemble emblématique des années 1980. Depuis bientôt trente ans, alors que son leader s’est toujours refusé à une quelconque reformation, le guitariste, interprète et songwriter préfère se concentrer sur une carrière plus discrète en solo. D’un caractère intimiste, ses chansons n’en sont pas moins éblouissantes dans leur finesse d’écriture reprenant le flambeau laid-back de l’architecte musical de Tulsa, J. J. Cale.
Six ans après l’album , l’homme qui racontait jadis la conquête de l’Ouest dans son titre fleuve continue de creuser son sillon. Les douze chansons de nous plongent dans une même eau mélancolique relevée de belles guitares boisées et de batteries mates. On est dans ce dans un mélange de blues, de country-rock et de violon celtique, ont été enregistrés à Londres, dans le studio British Grove appartenant à Mark Knopfler. Outre ses onze musiciens, la légende britannique s’est adjoint les services de son vieux complice Guy Fletcher, vétéran de l’aventure Dire Straits, à la fois à la console, aux claviers et à la première place des remerciements de ce chaleureux joyau de l’artisanat courtois.