Treize ans après sa disparition, trois personnes croient l’avoir reconnu dans un couvent du Doubs
Par Joseph Macé-Scaron
Vendredi 15 avril 2011. Sur le rond-point des Quatre-Chemins de Roquebrunesur-Argens, quelques véhicules tournent lentement plusieurs fois, comme s’ils hésitaient sur la destination à prendre. Ce lieu déboussole régulièrement les conducteurs qui, tout à coup, sur la RN 7, en pleine zone commerciale, se trouvent avoir le choix entre Le Muy, les gorges du Verdon, Fréjus ou Nice. À l’arrière-plan se dresse un hôtel Formule 1, tout droit sorti de la série « True Detective », avec son mirador peint en jaune. Il est 16 h 10, ce jour-là, quand surgit sur le parking extérieur une silhouette portant en bandoulière une housse de costume déformée par un objet long. Elle s’éloigne d’un pas tranquille d’une Citroën C5 bleu métallisé, l’ultime refuge d’un homme en cavale. Car les caméras de vidéosurveillance de l’hôtel viennent d’enregistrer les dernières images de Xavier Dupont de Ligonnès. Dans quelques jours, il sera le fugitif le plus recherché de France.
Ces images-là, les Roquebrunois les connaissent par cœur, avec la séquence où on le voit retirer, la veille, au vu et au su de tous, une somme d’argent à un distributeur de billets situé au centre du village provençal. Comment un père de famille a-t-il pu abattre les siens dans leur sommeil pour les enterrer sous une dalle de béton et venir s’afficher là après un pareil geste ? Comment croire qu’il ait survécu moralement à cet acte ? C’est à partir de cela que va