C’est l’un de ces paradoxes dont la France a le secret. « Le pays est le plus désindustrialisé en Europe, mais c’est celui qui a toujours le plus parlé de politique industrielle », remarque Sarah Guillou, de l’Observatoire français des conjonctures économiques. Difficile de donner tort à l’économiste. A l’ambition gaullienne et pompidolienne des grands champions ont succédé des décennies de nationalisations, sauvetages, états généraux et autres ministères du Redressement productif. Las ! En un demi-siècle, l’Hexagone s’est vidé de ses usines avec une constance que les mouvements sociaux soulevés au gré des délocalisations n’ont guère ébranlée. L’adhésion à la pensée de l’entreprise libérée de ses usines – le fameux fabless théorisé au tournant des années 2000 par l’ex-patron d’Alcatel Serge Tchuruk – l’a laissé exsangue. Depuis les années 1970, 2,5 millions d’emplois industriels ont été détruits.
Mais les chocs engendrés par la pandémie de Covid et l’invasion russe en Ukraine ont fait émerger un consensus politique sur l’intérêt de renforcer l’industrie française, l’une des plus fragilisées d’Europe. Bras armé de la souveraineté, atout de la transition écologique, outil de