Qu’est-ce que le « surréalisme » ? « Un nouveau mode d’expression pure […] dont il nous tardait de faire bénéficier nos amis », répond son créateur, André Breton (1896-1966), dans le premier manifeste du mouvement paru en octobre 1924. Le mot lui-même, nous y apprend-il, a été adopté en hommage au défunt Guillaume Apollinaire. En 1917, l’ami de Picasso et des cubistes avait qualifié de « surréaliste » sa pièce déjantée Les Mamelles de Tirésias. En 1924, le poète moderniste n’est plus, mais Breton, lui, est bien vivant. La future figure de proue de l’avant-garde littéraire et artistique mondiale a 28 ans. Voilà déjà huit ans que ce natif de l’Orne, fils de gendarme et ancien étudiant en médecine, s’est entiché d’une nouvelle « science de l’esprit ». Promue par le docteur Freud, elle est appelée « psycho-analyse ».
DE RÊVE ET DE FOLIE
Cette science encore à peu près inconnue en France, il la veut mettre au service de la création sous toutes ses formes. C’est en 1916, pendant son service militaire, lors d’un séjour au centre de neuropsychiatrie de Saint-Dizier, que le jeune appelé a été par le comportement des rapporte la spécialiste des œuvres d’André Breton, Marguerite Bonnet (, 1992). […] confirmera plus tard l’intéressé, qui préparait à l’époque l’internat de la Salpêtrière. Car, tout en voulant devenir André se sent