Arriver par un matin d’hiver légèrement brumeux, apercevoir au loin, sur la pelouse, un cheval tournoyer, fougueux, nerveux, en cours de dressage. Deviner, depuis la cour, l’escalier à double révolution qui amuse tant le public. Glisser d’une salle à l’autre, frissonner dans le donjon ouvert aux quatre vents. Circuler dans les coursives, monter sur les toits, écouter le carillon de midi faire écho au clocher de l’église. Observer le village assoupi, se demander pourquoi, dans cette ambiance paisible, le dernier conseil municipal de la minuscule commune a envisagé l’achat d’une caméra pour surveiller l’église, admirer les jardins à la française et, plus loin, la forêt giboyeuse. A Chambord, au cœur du Loir-et-Cher, la « magie » fonctionne toujours. Avec 1,15 million de personnes en 2023, le château de François Ier reste le deuxième plus visité de France derrière celui de Versailles.
Mais en coulisses, le lieu révèle sa fragilité. Il y a ces pièces fermées depuis l’été dernier dans l’aile François I, privant le public des décors de la cour itinérante créés par Jacques Garcia en 2019. Les débris de plâtre jonchant le sol d’un espace accueillant il y a peu des ateliers pédagogiques. Les larges fissures et ces cheminées lézardées dans les étages supérieurs et sous les combles, au sol, les tommettes, soulevées