Lancées dans une course folle à l’audience, qui se traduit le plus souvent par une production cinématographique effrénée de contenus hautement addictifs, les plateformes ne nous ont pas vraiment habitués aux temps calmes, aux invitations à la contemplation et à la réflexion que représentent ainsi que sur l’interview qu’il lui a accordée juste avant sa mort, le réalisateur américain Errol Morris, oscarisé pour (2003), est parti sur les traces du plus secret des écrivains. Raconter cette existence de faux-semblants, de légendes et d’illusions représentait un sérieux défi que Morris relève haut la main. Impossible d’adopter une démarche encyclopédique quand on s’attaque à un auteur aussi menteur et manipulateur que les personnages de son œuvre. Alors, il assemble avec malice un puzzle étrange qui gravite autour d’un face-à-face magistral. Car l’entretien, filmé par tout un dispositif de caméras mêlant les prises de vues déroutantes, est un rare moment de confession littéraire lors duquel David Cornwell, c’est son vrai nom, se livre sans fard. Son métier d’espion pour le MI5 et le MI6 pendant la guerre froide, sa reconversion dans l’écriture après qu’on a grillé sa couverture, la part de réalité et de fiction dans son œuvre : on est complètement subjugué par cette figure unique de la littérature. Et on meurt d’envie de relire (1965), (1974) ou (1989).
Confession du roi des espions
Feb 22, 2024
2 minutes
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