u Finistère au Japon, la forêt imprègne nos imaginaires.”, écrit Gaston Bachelard. Dans, le réalisateur Hayao Miyazaki évoque une forêt sauvage où son héros, le prince Ashitaka, doit trouver un remède auoù la vie prolifère, dominée par un dieu bourgeonnant qui symbolise le pouvoir extraordinairement résilient de la nature. Selon un sondage ONF/Viavoice publié en mars 2021, huit Français sur dix se sentent protégés en forêt. Est-ce parce que le temps y paraît suspendu ? Il faut une quarantaine d’années pour qu’un chêne donne ses premiers glands, deux cents ans de plus pour qu’il soit mature. Cela lui donne le temps… de s’adapter. Les arbres, en effet, sont des champions de l’évolution, capables de prodiges génétiques, comme partager leur ADN avec une liane ou présenter deux branches dotées d’un génome différent ! Cette plasticité a permis à la forêt de prospérer depuis son apparition il y a 380 millions d’années. Mais voici que, aujourd’hui, elle doit affronter le réchauffement climatique. Vite, trop vite, les températures montent, provoquant sécheresses, épidémies, incendies. La forêt en danger va-t-elle suivre le rythme ? Ou faudra-t-elle l’aider en “déplaçant” les espèces ? Les avis sont partagés, car il ne suffit pas de vouloir planter un milliard d’arbres, il faut le faire à bon escient. Des chercheurs de l’université de l’Utah ont récemment prouvé que les forêts les plus menacées sont celles qui ont accueilli le plus grand nombre de replantations ! À l’inverse, en Californie, où 130 millions d’arbres sont morts ces dernières années, la réduction drastique de la densité sylvestre a rendu les survivants plus résistants aux attaques de ravageurs. La forêt est donc un lieu paradoxal : fragile, mais résilient, fascinant et surtout très mal connu. Avec elle, la science est au taquet. Un défi existentiel, car le monde dans lequel nous vivons ne saurait survivre sans forêt. Ashitaka, le chercheur de sens, n’a pas fini de courir les bois.
