C’est l’histoire de sympathiques Pieds nickelés de la côte Ouest, aux portes de Monterey, portés sur la bibine comme d’autres le sont, pour raisons médicales, sur la bonbonne d’oxygène. son premier succès, ne respire que par l’alcool. Qu’il soit picrate infâme ou whisky tordboyaux, peu importe pourvu qu’ils éprouvent une ivresse perpétuelle. Ces d’origine mexicaine prénommés Danny, Pilon et Jesus-Maria ne sont pas enclins à emprunter la voie du travail. Les voici par les chemins de traverse, cultivant leurs jardins (à l’abandon) comme des Candide californiens, se contentant d’un coucher de soleil (pour l’aube, c’est raté, midi a sonné depuis belle lurette à leur réveil), de gorgées de gnôle et d’aventures picaresques plus enjouées les unes que les autres. La boisson passe avant le poisson, les fioles avant les filles. Pour nos compagnons de la grappe auxquels viennent s’adjoindre Big Joe et Le Pirate, deux colosses aux physiques d’ours pacifiques, rien ne sert de courir, il faut sourire à point. Car ces heureux du monde s’attachent à faire le bien à leur modeste échelle, en soulageant les uns et les autres par leurs petites combines altruistes d’armée du salut de la déglingue. Mais chaque chose a une fin… La grande force de John Steinbeck, le chantre des dépossédés, est de ne pas nous saouler avec une littérature du ressentiment, comme notre époque nous en abreuve. Ses personnages d’en bas, comiques et attachants, jamais plaintifs, restent des crapules, désinvoltes dans le larcin et l’arnaque, jamais des anges maltraités par un destin injuste. L’alcool, à sa façon, les sauve du désespoir, et c’est ainsi que Steinbeck est grand.
LES RAISINS DE LA JOIE
Jan 18, 2024
1 minute
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