Envoyé Spécial (Bruxelles)
Le décor n’a pas changé. Les mêmes librairies, où les manuels du cheikh Al-Qaradâwî, consacrés à l’application de la charia en Occident, garnissent les étagères. Les mêmes magasins de hidjabs, le même étrange sentiment de bazar oriental où les babioles religieuses côtoient les drapeaux palestiniens opportunément déployés au fronton des vitrines et proposés à la vente. La même enfilade de snacks halal sur des centaines de mètres. Huit ans après les attentats du Bataclan qui avaient projeté la lumière des médias du monde entier sur ce quartier, Molenbeek n’a rien perdu de son exotisme. Cette commune de Bruxelles-Capitale incarnait physiquement la partition belge : une sorte d’État dans l’État où l’on prêchait la haine et où s’organisaient des attaques terroristes. Une même atmosphère et pourtant… Où sont donc passés les signes extérieurs de salafisme ? Disparus les qamis ! La barbe hirsute et la cheville découverte se font rares ; le voile est toujours visible à la sortie des athénées (établissements scolaires belges) mais le niqab n’est plus de mise. Les petites mosquées d’arrière-cour ont été débarrassées : ces points de fixation, comme on les appelle nous prévient Djemila Benhabib, porte-parole du collectif Laïcité Yallah Belgique, pas dupe de ce nouveau visage.