Les scientifiques ne savent toujours pas pourquoi nous vieillissons, ni à quel moment le vieillissement débute. En revanche, ils commencent à mieux comprendre comment nous vieillissons.
Notre génome devient instable et les mutations s’accumulent. Les télomères, censés protéger les extrémités de nos chromosomes, se ratatinent. Nos cellules n’arrivent plus à s’auto-nettoyer. Elles se mettent à fabriquer des protéines difformes et oxydées. Leurs petites usines énergétiques internes s’encrassent. Dans notre microbiote, les meilleures bactéries se font la mal le. Notre système immunitaire surchauffe.
La liste ne s’arrête pas là. Les spécialistes ont identifié à ce jour douze marqueurs de vieillissement. Douze processus qui se détraquent. Un en particulier entraîne- t-il les autres, ou se déclenchent-ils de concert ? Mystère. « Nous touchons là à la frontière de nos connaissances », répond Eric Gilson, professeur à la faculté de médecine de Nice, directeur de l’Institut de recherche sur le cancer et le vieillissement et coordinateur pour l’Inserm des consortiums de recherche AgeMed et InterAging.
Ces marqueurs s’avèrent en tout cas très interconnectés. « Ils sont même tellement intriqués que si on agit sur l’un, on en améliore d’autres », assure Carlos Lopez-Otin, professeur de biologie moléculaire à l’université d’Oviedo (Espagne) et auteur d’une publication sur le sujet dans la revue début 2023. Les spécialistes de la longévité regorgent justement de pistes qui, en modifiant ces processus, font vivre les animaux plus longtemps et en meilleure santé. « Comme on retrouve ces marques dans de nombreuses espèces, y compris la nôtre, les interventions testées chez les souris devraient fonctionner aussi sur nous », estime cet expert. Récemment, un cap a été franchi, avec de premières molécules qui arrivent en essai