Presque comme une évidence. Le 23 novembre, lorsque les jurés du prix Goncourt des lycéens annoncent le nom de leur lauréate 2023, aucune voix ne s’élève pour critiquer leur choix. Quelques semaines plus tôt déjà, Neige Sinno et son Triste tigre (P.O.L) avaient reçu le Femina, mais aussi le prix littéraire du Monde et celui des Inrockuptibles. Ni simple témoignage sur l’inceste dont l’auteur a été victime ni analyse distante sur la question des violences sexuelles infligées aux enfants, mais inédite réflexion sur le sujet mêlant vécu, références littéraires et documents, l’ouvrage bouscule, étouffe, interroge. Vendu à plus de 80 000 exemplaires entre sa sortie mi-août et la fin novembre selon Edistat, le livre est aussi un succès commercial.
Très vite, Neige Sinno perçoit l’ambivalence du tourbillon médiatico-littéraire dans lequel elle est le 20 novembre.