Mais que s’est-il passé pour que des progressistes en viennent à réclamer des limitations à la liberté d’expression? Pour que des professeurs d’université s’autocensurent? Pour que desl’expression de « », un mouvement à l’œuvre dans les pays anglo-saxons mais également en France. Il cherche à comprendre comment des intellectuels de gauche en arrivent à défendre un système de pensée en contradiction avec leurs idéaux. Toujours très pédagogique, le politologue au succès mondial revient sur la genèse de cette pensée et explique son exceptionnelle viralité. En moins de dix ans, elle est passée des amphithéâtres aux réseaux sociaux en passant par les médias et les grandes entreprises: « » (« le grand réveil ») selon l’expression de Matthew Yglesias. Cette synthèse identitaire se revendique de Foucault et pourtant il ne s’y retrouverait, selon Mounk, pas du tout. Partant d’une idée consensuelle - la lutte contre les inégalités -, les promoteurs de cette pensée ont créé une machine de guerre qui se retourne contre son objectif. En imposant l’identité au cœur du politique, la synthèse identitaire empêche de comprendre la complexité du monde, entrave la rencontre avec l’autre. Elle ne va pas triompher, mais ne risque pas de disparaître non plus, estime l’auteur. Les universalistes progressistes doivent donc cesser de contempler sa propagation sans oser répliquer. En conclusion, l’auteur donne des clés pour savoir y répondre. Ce livre est une tentative réussie de réarmement intellectuel de la gauche.
