lors que notre voiture se précipite dans l’obscurité, Emeric de Kervenoaël, directeur des Carrières de Noyant, s’enthousiame : « Nous sommes parmi les premiers à déambuler entre ces roches depuis quarante et un millions d’années ! » Après avoir sillonné un paysage de vieilles maisons en pierre, nous voilà plongés à 15 mètres de profondeur, dans un dédale de près de 50 kilomètres de galeries souterraines autrefois situées sous la mer. Taux d’humidité : 85 %. Température : 13 º C, toute l’année.
Situés dans l’Aisne, entre les champs de blé et de betteraves, les lieux sont exploités au moins depuis le XVIIIesiècle. Au bout d’une galerie, deux carriers placent un coussin d’air entre deux blocs découpés en rectangle dans la roche brute. Ils le gonflent ensuite à l’aide d’un imposant compresseur, engendrant un bruit sourd qui signale l’éclatement de la face arrière du bloc découpé. Chaque jour, seize blocs de 12 tonnes chacun quittent la carrière et remontent dans l’usine de sciage pour faire face à la demande grandissante de pierre dans la construction., précise Emeric de Kervenoaël, 42 ans. En 2018, cet ingénieur a repris avec un camarade associé cette carrière du Bassin parisien. L’ancien propriétaire, partant à la retraite, les a encouragés, lui et son associé, à Celle-ci est désormais si grandissante que la carrière doit tourner vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour y répondre.