Incomparable. Inimitable. Sinéad O’Connor, disparue le 26 juillet dernier, l’était. Et même plus. Mais qui siéent surtout à la chanson qui l’a fait connaître du monde entier. Une chanson pourtant négligée par son géniteur, récupérée in extremis par un directeur artistique et transcendée par l’interprétation hors du commun d’une chanteuse encore en devenir. “Nothing Compares 2 U”, dans l’orthographe princière, est devenue grâce à elle un tube international.
Lorsqu’il écrit la chanson, dans son studio bunker de Minneapolis, le 15 juillet 1984, au retour d’un concert de la tournée “Victory” des Jacksons”, précisera même Susan Rogers, l’ingénieure du son de l’époque) et en destine la maquette à l’un des groupes dont il chapeaute les destinées, en généreux pygmalion et chef d’entreprise prolixe de Paisley Park. En l’occurrence il s’agit de l’ersatz de The Time, orchestre déserté par ses principaux membres, le chanteur Morris Day et le guitariste Jesse Johnson. Agrémenté de Susannah Melvoin (membre de The Revolution, avec sa sœur Wendy) et de Paul Peterson, alias St. Paul, au chant, le groupe rebaptisé The Family publie son unique album éponyme le 19 août 1985. En face B, sixième chanson du disque, là encore anecdotique “Nothing Compares 2 U”… qui passe complètement inaperçue. Comme l’album d’ailleurs, malgré les arrangements classieux du claviériste et compositeur, Clare Fischer, déjà connu entre autres pour ses travaux avec Dizzy Gillespie, Donald Byrd ou Sérgio Mendes, et futur arrangeur pour Prince, Michael Jackson ou Paul McCartney.