Depuis les années 1920, la Première Guerre mondiale n’a cessé de faire l’objet de débats historiographiques. En France, ils ont toujours été passionnés, vifs et complexes, et la question qui déchire les historiens au tournant des années 1990 et 2000 en donne un très bon exemple: comment les combattants – et par extension les populations – ont-ils vécu, tenu et supporté aussi longtemps les atrocités du conflit? Deux écoles s’opposent pour y répondre. Si l’on reprend la formulation d’Antoine Prost (voir Pour en savoir plus), une « école du consentement » défend l’idée d’un volontariat au sacrifice contre une « école de la contrainte », qui affirme que l’acceptation était forcée. Progressivement, le débat se mue en une lutte si violente que Jean Birnbaum évoque dans Le Monde du 10 mars 2006 une « guerre de tranchées entre historiens »…
La première des deux écoles émerge au tournant des années 1980 et 1990, quand des universitaires emmenés notamment par Jean-Jacques Becker travaillent à la définition d’une culture de guerre. Historiens d’une Grande Guerre « vue d’en bas » , ils défendent ainsi l’idée d’un consentement patriotique qui aurait permis la mobilisation massive des soldats et des populations dans la guerre. En 1992, l’Historial de la Grande Guerre ouvrant ses portes au cœur du champ de bataille de la Somme renforce la tendance. Le site comprend à la