De Crécy à Azincourt, les succès initiaux des Anglais dans la guerre de Cent Ans sont généralement attribués à l’arme qui leur aurait assuré une supériorité technologique décisive: le longbow, grand arc ou arc long. Apparu à la fin du xiiie siècle lors des guerres anglo-galloises, l’arc long aurait remplacé l’arc court en apportant un surcroît de puissance, gage d’invincibilité sur le champ de bataille. Que cette arme ait révolutionné l’art de la guerre à la fin du Moyen Âge a longtemps fait consensus; l’idée était déjà répandue au xive siècle. Non seulement le comte de Foix Gaston Fébus jugeait les archers anglais imbattables, mais les Portugais étaient persuadés qu’en recrutant ces mêmes soldats, ils s’assureraient la victoire dans leurs guerres contre la Castille – ce qui s’est de fait vérifié à Aljubarrota. Le Portugal devrait-il sa (première) indépendance à l’arme miracle de ses alliés?
La controverse sur l’efficacité de cette arme mythique est née dans les années 1990 sous la plume de l’historien américain Kelly DeVries. Loin de semer la mort dans les rangs adverses, les flèches n’auraient selon lui tué que et blessé . La véritable force du grand arc serait indirecte: conduire une charge sous une pluie de flèches ruine