S’étendant des sommets de la cordillère des Andes à l’Amazonie, enclavée entre cinq pays (Brésil, Pérou, Chili, Argentine, et Paraguay) après avoir perdu son unique accès à la mer en 1903 lors d’une guerre contre le Chili, la Bolivie (12 millions d’habitants) constitue une sorte de condensé linguistique de cette partie du sous-continent américain. Mais elle peut aussi être vue comme un laboratoire de sociolinguistique et de politique linguistique, montrant en direct la disparition programmée d’une bonne partie des langues locales.
Cette « vitrine linguistique », outre la langue issue de la colonisation, l’espagnol (ou castillan), comporte d’abord des langues également parlées par plusieurs millions de personnes dans les pays voisins: le guarani (également présent au Paraguay, en Bolivie, en Argentine et au Brésil), le quechua (aussi parlé en Colombie, en Argentine, en Équateur, au Pérou et au Chili) et l’aymara (Pérou, Argentine, Chili). Mais il ne s’agitlinguistique, le pays comptant une quarantaine de langues, dont certaines européennes comme l’allemand, le japonais ou le grec.