On a de la cinéaste et actrice l’image d’une femme de tempérament, volontiers grande gueule. Elle accepte les règles de la promotion, le maquillage et les séances photo. Mais Emmanuelle Bercot a du mal, dans la vie, à fendre l’armure. La discussion sera longue, franche mais aussi attentive et amicale. Elle, la réalisatrice à poigne de « La tête haute » ou de « De son vivant », la coscénariste inspirée de « Polisse », ne s’est jamais sentie aussi bien qu’en tant que comédienne. Ex-secrétaire d’État dans « De grandes espérances » au printemps, on la retrouve magistrale et méconnaissable, cheveux blancs et tenues strictes, dans le rôle de Lucie Coutaz, personnalité méconnue mais essentielle qui a suivi l’Abbé Pierre dans son combat et dans sa vie. Il est peu de dire qu’Emmanuelle Bercot, quinquagénaire en pleine force de l’âge, goûte son plaisir dans cette réinvention d’elle-même. Non, plutôt un accomplissement…
Paris Match. À regarder votre carrière évoluer ces derniers mois, jouant Bergman sur scène, dans “Sentinelle”, ou aujourd’hui dans “L’Abbé Pierre” au cinéma, on a l’impression que vous n’avez jamais pris autant de plaisir dans ce que vous faites…
Et vous êtes totalement dans le vrai. Je suis dans un plaisir de jeu très intense. Surtout qu’on me propose enfin des rôles différents, contrastés, même des comédies. C’est inespéré ! J’en avais un peu marre, je vous