Quand on est comédien, il faut aimer parler de son métier. Jusqu’à plus soif. Melvil Poupaud a eu beau enchaîner deux journées d’interviews pour les deux films cannois qu’il défend (il apparaît aussi dans « Jeanne du Barry », de Maïwenn), il reste à l’écoute. Et disert. Dans « L’amour et les forêts », adapté du livre d’Éric Reinhardt (prix Renaudot des lycéens en 2014), il est Grégoire Lamoureux, mari maladivement possessif dans une relation toxique. Un glissement progressif vers le drame que scrute avec maturité, pour son sixième film, Valérie Donzelli, révélée au grand public avec « La guerre est déclarée ». Entre la réalisatrice et son acteur, une camaraderie et une admiration non feintes. Melvil écoute Valérie, finit parfois les phrases de celle dont il dira plusieurs fois lors de la discussion qu’elle est une grande cinéaste.
Paris Match. Valérie, vous pensiez à ce film depuis 2014, bien avant que le sujet de la violence faite aux femmes ne devienne une préoccupation centrale, dans le sillage de #MeeToo. Qu’est-ce qui vous a poussée dans ce projet ?
J’ai été subjuguée par le livre d’Éric Reinhardt et sa façon de dépeindre une relation qui sombre dans le drame. C’est un ouvrage qui ne vous lâche pas, totalement angoissant.