rillant et nécessaire, le nouvel essai de l’écrivaine féministe Hélène Frappat, , décortique les rouages de cette manipulation psychologique et (trop) souvent misogyne nommée “gaslighting”. En 2022, son roman enquêtait sur la lignée fille-mère maudite formée par Tippi Hedren, Melanie Griffith et Dakota Johnson. ( en VF) de Georges Cukor, basé sur une pièce de théâtre créée en 1938, qui met en scène une jeune femme dont le mari cherche à lui faire croire qu’elle est folle, qu’elle perd tout ce qu’il lui donne et que la lumière au gaz, qu’il diminue en cachette, ne baisse pas… Bénéficiant de la plume avertie d’Hélène Frappat, est un récit analytique engagé et non dénué d’humour : “Ma réflexion sur le gaslighting m’a enseigné que la tragédie de l’histoire des femmes peut se changer en comédie, dès lors que l’on fait usage de l’ironie comme d’un outil d’émancipation”, écrit l’auteure. Manuel de combat, n’en est pas moins pop. S’articulant autour du film de Cukor, il convoque d’autres gaslight movies ( de Jacques Tourneur, de Robert Zemeckis, de Wes Craven) mais également des icônes féminines telles que la petite Alice de Lewis Carroll, les héroïnes tragiques intemporelles telles qu’Hélène de Troie, Cassandre ou Britney Spears, tout en rappelant la misogynie d’Aristote, Plutarque et autres Platon – et des mœurs antiques en général, qui ont marqué les siècles suivants au fer rouge… jusqu’à la prise en charge médicale qui varie selon le sexe du patient ! Enfin, elle puise dans les passionnantes réflexions d’autres autrices admirables, d’Anne Carson à Rebecca Solnit en passant par Betty Friedan. Laquelle, avec (1963), décryptait le phénomène des jugées névrotiques. Dénonçant cette injonction insidieuse du “sois folle et tais-toi”, Hélène Frappat lie le concept de gaslighting aux théories féministes, et signe un savant manifeste destiné à libérer davantage encore notre parole, trop longtemps bafouée.
