Poétique, secret et profond. Wim Wenders offre avec son dernier film un aperçu rare et précieux de l’univers d’un artiste et dévoile par la même occasion sa fascination pour Anselm Kiefer. Par une matinée estivale à Berlin, le cinéaste nous a raconté comment lui est venue l’idée de réaliser un opus consacré au plasticien.
AD Quels sont vos souvenirs de votre première rencontre avec Anselm Kiefer, en 1991 à Berlin ?
W.W. J’étais attablé au restaurant Exil, comme pratiquement chaque soir à l’époque, quand il a franchi la porte. Ce devait être la première fois qu’il y venait, parce qu’il observait les lieux avec attention. L’Exil était très enfumé, alors il n’a pas éteint son cigare en entrant. À mesure qu’il approchait de ma table, j’ai remarqué qu’il sentait très fort le cigare. C’était un vrai cigare ambulant. Il m’a reconnu et s’est installé à côté de moi. Bien sûr,