Rolling Stone France

Deux millions de spectateurs ne peuvent pas se tromper

Le plus mal-aimé des albums live de Bob Dylan connaît à son tour une inattendue réhabilitation avec la parution d’une intégrale (4 CD, 8 LP) de deux concerts enregistrés peu après un tremblement de terre, au Nippon Budokan de Tokyo, les 28 février et 1er mars 1978, dont trente-six titres ou versions inédits s’ajoutent aux vingt-deux initialement publiés. En pleine explosion punk et new wave, cette tracklist en forme de et ces arrangements chargés à la manière d’un groupe de rhythm’n’blues de Memphis au son gras, avec force chœurs gospel féminins, claviers et – sacrilège – saxophone et flûte, ont fait écrire – très excessivement, quand même – au critique Jimmy Guterman qu’il s’agissait “”. Dylan est alors accusé de se recycler en comme l’avait fait Elvis, disparu quelques mois plus tôt, à Vegas. En un mot, d’avoir vendu son âme. Pour la première fois en concert, c’est vrai, Dylan, secoué par la mort du “King”, miné par ne cherche plus à se dépasser, à convoquer l’esprit et le feu, mais approche ses morceaux à distance, comme s’il cherchait à en donner lui-même des reprises. Le promoteur japonais avait imposé le choix des titres: Dylan, en besoin de rentrées pour financer son coûteux divorce d’avec Sara (36 millions de dollars cash, plus la moitié de tous ses revenus à venir provenant de la période 1965-1977), le déficit de son film et les travaux de sa spectaculaire maison de Point Dume, à Malibu, s’engage ainsi à “”. The Band n’est plus là, Robbie Robertson est occupé avec Martin Scorsese, Dylan a la tête ailleurs, se bat pour ne pas perdre complètement la garde de ses cinq enfants qu’il soupçonne Sara de vouloir installer à Hawaii, se dote enfin d’un nouveau manager showbiz, Jerry Weintraub, promoteur d’Elvis et de Sinatra, producteur de John Denver. En décembre 1977, Dylan et le bassiste Rob Stoner retravaillent le répertoire pour le garder accessible, les musiciens proposent différentes options, de tempo, d’instrumentation, qu’il écarte ou pas. Ça fonctionne plus ou moins bien selon les chansons, ces différentes réinventions n’étant pas du goût de tout le monde, comme le sera aussi l’album studio enregistré vite fait en quatre jours d’avril 1978, entre les portions océaniennes et européennes du périple planétaire, le mésestimé , où Dylan passe pourtant plus près que jamais de révéler son mystère identitaire dans “Where Are You Tonight? (Journey Through Dark Heat)”.

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