Il a transformé le public en « peuple de Londres » dans son adaptation fleuve d’Henri VI de Shakespeare, bousculé le festival d’Avignon avec une audacieuse version du Thyeste de Sénèque, revisité l’univers sombre d’Evgueni Schwartz et, en cette seule année 2023, monté Starmania, puis Roméo et Juliette de Gounod. A 40 ans, Thomas Jolly prépare activement les cérémonies des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, pour lesquelles il va mettre la Seine en scène. Il livre à L’Express son regard sur le spectacle vivant et son rêve d’un théâtre inclusif et fédérateur.
Que seriez-vous devenu si vous n’aviez pas lu, très jeune, les Sept Farces pour écoliers de Pierre Gripari ?
Thomas Jolly Le premier métier que je voulais faire, c’était écrivain et, je rajoute, célèbre. Je ne sais pas pourquoi, c’était comme ça : devenir un écrivain célèbre. Il y avait quand même déjà l’idée de raconter des histoires. Après, j’ai voulu devenir prof de français – là encore, pas très loin de la langue et des mots – mais en Angleterre. Il y a toujours une petite chose qui vient nuancer. Ça tournait de toute façon autour du langage, des images, du récit, de la narration, de la fable. Qu’est-ce qui fait cela ? Je m’interroge encore sur le fait d’avoir ce goût-là de vivre dans une forme de fiction permanente.
Henri VI, Thyeste, Starmania, Roméo et Juliette à l’Opéra Bastille, puis les cérémonies des Jeux olympiques et paralympiques en préparation. Y a-t-il une ligne directrice dans vos projets ?
Il y a un défi d’écriture scénique, avec la volonté de faire un spectacle qui émerveille les yeux, les oreilles, le coeur, l’âme et l’esprit, que ça touche ces cinq endroits-là. J’aime les, par exemple, dure dix-huit heures. On m’a dit : c’est trop gros, c’est trop long, ça ne plaira pas ; et c’est justement ce qui exacerbe mon désir : celui de raconter cette histoire envers et contre tout le système établi. C’est à la fois une force et un drame, cette envie d’avoir plus d’espace pour penser, réfléchir, proposer des oeuvres épiques et de grandes formes au public.
