Àen croire les confidencesqu’il fait au mathématicien Gaspard Monge, Bonaparte se serait bien vu dans les pas de Galilée ou Newton. Le bonhomme, on le sait, ne manque pas d’ambition. Hélas pour les sciences de la République, il a été élevé au rang de général en chef et son destin a été de devenir « l’instrument du sort d’un grand peuple». Alors, quand il entreprend la conquête militaire de l’Égypte, il pense immédiatement à la doubler d’un vaste programme scientifique confié à des civils bientôt dénommés « savants». Déjà, un petit groupe de peintres, botanistes et autres spécialistes avaient accompagné ses troupes en Italie pour sélectionner et rafler les chefs-d’œuvre locaux au profit des musées français. Monge et son ami le chimiste Claude-Louis Berthollet faisaient partie de la commission chargée de cette razzia républicaine. Tous deux avaient été subjugués par l’aura du jeune officier au point de le faire élire en 1797 dans la section mécanique de l’Institut. Cette fois, il ne s’agit plus de piller les musées étrangers, mais de porter les « Lumières de l’Europe en Égypte», d’organiser et d’administrer le territoire conquis. Le nombre et la variété de talents nécessaires à cette tâche sont inédits dans l’histoire. C’est probablement sur leurs conseils avisés qu’est constituée la « commission des sciences et des arts» qui va accompagner le général dans son œuvre civilisatrice.
POUR LE GÉNÉRAL EN CHEF, LA SCIENCE NE SE CONJUGUE