Entre 1930 et 1973, l’Argentine connaît cinq coups d’État et seize présidents, dont onze militaires. Or seuls deux élus parviendront à exercer un mandat jusqu’à son terme : Agustín Justo, et surtout Juan Domingo Perón, qui en remplit un premier, est destitué lors du second, puis rappelé pour un troisième après dix-huit ans d’exil. Comment ce haut fonctionnaire de l’armée s’est-il hissé au rang de figure incontournable de la politique argentine?
rappelle Marianne González Alemán (CONICET, Argentine). Le 4 juin 1943, les militaires prennent ainsi le pouvoir pour « moraliser» la vie politique et ordonner la conduite de l’État. Dans un pays où, à la suite du krach de 1929, l’industrie s’est développée pour réduire les