Cahiers de Science & Vie: La première exposition des impressionnistes remonte à 1874, mais le groupe s’est formé plus tôt. Pouvez-vous nous rappeler comment ?
Félicie Faizand de Maupeou: Ces peintres sont tous nés dans les années 1830/1840. La moitié d’entre eux vient de province, et Paris est alors une étape obligée pour se former et faire carrière. Ils y arrivent dans les années 1860. Et pour rassurer les familles qui les soutiennent, certains rejoignent l’un des ateliers privés qui se sont développés au XIX siècle et offrent une alternative à l’École des Beaux-Arts. Celui de Charles Gleyre dispense un enseignement certes académique, mais qui a malgré tout la réputation d’être plus ouvert : c’est là que se rencontrent, en 1862, Claude Monet, Auguste Renoir, Frédéric Bazille et Alfred Sisley. Mais Paris constitue aussi un lieu de sociabilité. Le soir venu, certains se retrouvent au Café Guerbois, où Édouard Manet a ses habitudes. Lui n’a jamais été impressionniste au sens strict du terme, n’ayant pas participé aux expositions du groupe. Mais les futurs impressionnistes sont attirés par ses audaces artistiques et son opposition aux préceptes académiques. Et tous se fréquentent plus ou moins régulièrement : Monet peint avec Bazille près