AFFAIRE
On pourrait les appeler « Les traumatisés de la Hune ». Ils n’ont pas oublié la fermeture, en 2015, de la célèbre librairie de Saint-Germain-des-Prés. Pourquoi ne se sont-ils pas mobilisés ? Comment ont-ils pu laisser passer ça ? Ils y repensent ce mercredi 17 mai 2023 quand ils gravissent les marches du Café de Flore sur les coups de 18 heures pour se retrouver dans la salle située à l’étage, à l’abri des regards (même si on a connu meilleur endroit pour rester incognito). Cette fois, se disent-ils, c’est pour une « opération sauvetage » : ils ne laisseront pas l’autre grande librairie du quartier, L’Écume des pages, tomber dans l’escarcelle d’un tycoon de la mode ou d’un promoteur immobilier. « L’Écume », comme disent les initiés, doit rester ce lieu à part, ouvert chaque soir jusqu’à minuit, où les employés se considèrent comme des « passeurs de livres » tandis que les clients circulent entre les tables pour chercher un ouvrage dont ils n’ont pas besoin, un texte qui les attend comme une révélation, voire un bout d’eux-mêmes.
Parmi les premiers arrivés de cette drôle de conjuration du 17 mai, il y a le noyau dur : Guillaume Houzé et David Frèche se prennent dans les bras dès qu’ils se voient. L’un, héritier des Galeries Lafayette, s’emploie à rajeunir l’image du groupe de distribution en multipliant les initiatives avec les artistes quand il n’investit pas dans la