PAWHUSKA, OKLAHOMA. Au cimetière Gray Horse, planté au bout d’une route en gravier interminable, dans un coin isolé à l’ouest de la réserve osage, les sépultures font face à une vaste plaine balayée par les vents du Midwest. Les inscriptions sur les pierres tombales attirent l’attention. Plusieurs sont morts dans les années 1920, partis dans la force de l’âge pour la grande majorité d’entre eux.
En ce lieu reposent des femmes et des hommes, membres de la communauté osage, cibles d’une vague d’assassinats terrifiants et mystérieux après la découverte d’une gigantesque nappe pétrolière sous leur réserve autochtone de l’Oklahoma. Une centaine de personnes ont été ainsi tuées de 1918 à 1930 pour leur droit foncier, période funeste connue aujourd’hui sous le nom de “règne de la terreur”. Parmi les victimes, Henry Roan Horse, dont la tombe est située sous l’ombre d’un majestueux chêne centenaire. “Ici gît mon arrière-grand-père qui a été tué d’une balle dans la tête”, lâche en entrevue Jim Gray, ancien chef de la Première Nation osage. Henry Roan Horse a été retrouvé en 1923 affalé derrière le volant d’une Buick, juste à l’extérieur de Fairfax, à l’âge de 40 ans. “Il a été abattu par des personnes qui voulaient s’approprier ses droits sur le pétrole, raconte son arrière-petit-fils, les yeux embués par l’émotion. La vie d’un autochtone ne valait rien, on les assassinait sans craindre la main de la justice, qui n’était pas de notre côté.”
À cette époque, l’hécatombe (par arme à feu ou par empoisonnement) touche les plus riches des Osages,millionnaires du jour au lendemain. explique Jim Gray. Au moment du boom pétrolier, le gouvernement américain constitue un fonds pour verser la totalité des redevances aux 2 229 membres inscrits de la tribu osage. Les terres sont divisées en parcelles, l’argent coule à flots. , relate Jim Gray. Il s’agit alors d’un revirement de situation pour les Osages. À l’origine, la tribu nomade occupait un bien plus vaste territoire, qui s’étendait de la vallée fertile de l’Ohio jusqu’au Missouri. Ce sont d’ailleurs les trappeurs français explorant les régions le long du fleuve Mississippi qui les nommeront Osages à partir de Wazházhe, qui signifie
