Le portrait grand format d’Hélène Carrère d’Encausse a été posé sur un chevalet devant l’église Saint-Germain-des-Prés, ce vendredi 11 août. Comme si elle couvait une dernière fois des yeux ses enfants, Emmanuel Carrère, écrivain, Nathalie Carrère, avocate, et Marina Carrère d’Encausse, médecin et animatrice de télévision. L’historienne y apparaît tout de blanc vêtue, radieuse et droite comme un I, elle-même protégée par le regard du cardinal de Richelieu, fondateur de l’Académie française en 1635, dont le portrait trône dans la salle des séances du quai Conti. Impériale, exactement comme elle était dans la vie, jusque dans les derniers mois. Avec le temps, on avait fini par la penser littéralement immortelle. 94 ans, dont trente-trois ans à l’Académie française, et vingt-quatre ans comme secrétaire perpétuel de l’institution, « mère supérieure » a toujours dit Erik Orsenna, un des 34 académiciens à lui survivre. « Sa mort nous laisse orphelins », a joliment témoigné Frédéric Vitoux, autre écrivain- académicien, pendant les funérailles, filant lui aussi la métaphore de la matriarche et des enfants.
Dehors, sur la place Saint-Germaindes- Prés, un petit spectacle s’est improvisé – la tsarine, comme la surnommaient aussi les immortels, en aurait probablement souri. Une