En ce jour de décembre 1912, Georges Verlaine ne cache pas sa satisfaction. Il répond aux questions d’un journaliste de L’Intransigeant. Le reporter est venu spécialement pour lui. Employé à la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris, Georges travaille à la station Malesherbes, dans le nord de la capitale. Il est l’unique enfant de Paul Verlaine et de Mathilde Mauté. On vient en effet parfois le trouver pour grappiller un détail, une anecdote sur l’illustre papa. Aujourd’hui, l’entretien promet d’être plus long et l’article, certainement, sera en conséquence.
Georges Verlaine n’est avare d’aucun détail sur l’effet que produit son nom sur le quai. Il raconte avec malice son quotidien : « Oh ! Si vous la voyiez, la tête des gens, quand ils apprennent que je suis son fils : “ Quoi, vous seriez le fils, le fils de Verlaine, son fils ! ” Ils restent là, médusés, et, de stupeur, en ratent fatalement le premier train… et puis, il faut bien qu’ils partent, eux aussi ! » Difficile, au demeurant, d’ignorer son nom. Le chef de gare l’interpelle régulièrement : « Verlaine ! Verlaine ! Venez donc ! », des éclats de voix fusent parmi le bruit des portes qui claquent, le son strident des roues qui s’immobilisent, le brouhaha des voyageurs… Et Georges, à l’appel de son nom, s’exécute dans son uniforme flambant neuf, képi vissé sur la tête.
Le journaliste observe cet homme doux, serviable et consciencieux. Physiquement, qu’a-t-il donc de commun avec son père ? Sa calvitie, ses yeux et son sourire. Son front, également. Au point que le sculpteur du monument à Verlaine au jardin du Luxembourg, Auguste de Niederhausern, dit », songera à.