L’IMPOSSIBILITÉ D’UNE BIOGRAPHIE
C’est un visage d’adolescent en lequel nous voyons celui de la littérature même. Celui d’un garçon « prodigieusement armé » pour la poésie, qui remisa son arsenal pour se lancer dans de périlleuses affaires commerciales en Afrique, avant de revenir in extremis en France mourir à 37 ans, au moment même où son nom ressortait de l’oubli. Peu après, sa sœur Isabelle et son beau-frère Paterne Berrichon, voulant soigner sa mémoire et en effacer les scandales, y déposèrent une première couche de mensonges hagiographiques. Oui, il était toujours poète en Afrique (tu parles!), bien sûr, sa relation avec Verlaine ne fut que poétique (le coup de revolver, c’était pour régler un point de métrique)… Mais, même nettoyée des strates de légendes qui la recouvrent, ce à quoi s’emploie Jean-Jacques Lefrère dans sa remarquable biographie, opportunément republiée ce mois-ci, la vie de Rimbaud apparaît truffée d’énigmes.
IL FAUT S’Y RÉSOUDRE : CE GARÇON DEVINT UN HOMME QUI TENAIT LA POÉSIE EN PIÈTRE ESTIME
La plus fascinante concerne son génie : comment un collégien qui, à 14 ans, s’amuse à écrire des vers de potache moquant les figures de son collège en vient-il, un an et demi plus tard seulement, à déposer, sur la table de son professeur Izambard, les alexandrins parfaits d’équivalent poétique des chefs-d’œuvredevint un homme qui tenait la poésie en piètre estime – et ne le disait pas poliment.
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