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MOZART VU PAR

Romanciers, dramaturges, philosophes, politiques, peintres, cinéastes, Stendhal, Pouchkine, Kierkegaard, Mörike, Delacroix, Burgess, Jouve, qui n’a pas conté son Mozart ? Plus que Beethoven, plus que Shakespeare ou Michel-Ange, Mozart aiguise les plumes.

Déjà, le poète Hoffmann poussait le siècle romantique dans les bras de Don Giovanni – et c’est bien lui, non Wagner, qui en 1813 le sacrait « opéra des opéras ». Trente ans passent, Gustave Flaubert approuve : « Les trois plus belles choses que Dieu ait faites, c’est la mer, l’Hamlet et le Don Juan de Mozart. » Goethe, Kleist, Gide, Sollers, tout le monde a quelque chose à dire. Donc tous les musiciens, Weber, Schumann, Brahms (qui prend part à la grande édition Mozart de Breitkopf et possède le manuscrit de la Symphonie en sol mineur), Saint-Saëns, Fauré, Mahler – passons les interprètes, cent fois plus nombreux. Trois volumes ne suffiraient pas. Il fallait choisir, nous avons choisi. Quinze compositeurs dont l’œuvre traduit un peu, beaucoup, passionnément, la gratitude. Mais d’abord, écoutons-le.

WOLFGANG AMADEUS MOZART

« Je sens un feu dans tout mon corps »

Ses lettres disent tout de la composition, peu du compositeur. En tête du cortège, laissons-le toutefois nous adresser trois mots. « Je ne peux pas écrire de poésie, je ne suis pas poète. Je ne pourrais agencer avec art ombres et lumières, je ne suis pas peintre. Je ne puis davantage exprimer mes sentiments et mes pensées en geste ou en Pantomime, je ne suis pas danseur. Mais je le peux avec les sons, je suis musicien » (à son père, le 8 novembre 1777).

« Chaque fois que je songe au bonheur d’écrire un opéra, je sens un feu dans tout mon corps » (au même, le 31 juillet 1778).

« La mesure – la vérité en toute chose n’est plus goûtée de nos jours. – Si l’on cherche le succès, il faut écrire des choses suffisamment compréhensibles pour qu’un fiacre puisse les chanter tout de suite, ou tellement incompréhensibles – que cela plait justement parce qu’aucune personne sensée ne peut les comprendre » (au même, le 28 décembre 1782).

JOSEPH HAYDN

« Le plus grand compositeur que je connaisse »

Selon Niemetschek, premier biographe de Mozart, celui-ci vénérait l’illustre aîné qu’il « appelait souvent son professeur ». Chacun sait qu’il n’en fut rien et que Haydn se faisait plutôt appeler « papa ». La Symphonie en sol mineur (no 39, Eszterhaza, 1765) de « papa » enfantera la Symphonie en sol mineur (KV 173dB, Salzbourg, 1773). A l’Opus 33, fondement du quatuor moderne élaboré par Haydn en 1781, répondront six « Quatuors dédiés à Haydn » entre 1782 et 1785 par un Mozart métamorphosé. A rebours, comment ne pas apercevoir dans la symphonie « londonienne » en mi bémol dite « Roulement de timbales » un tribut au Quintette à cordes en ré majeur (KV 593) ?

Ni père ni maître en vérité. Deux amis. Leur première rencontre a peut-être attendu 1784. C’est ici, à Vienne, que l’aîné suit le cadet en maçonnerie, qu’il assiste à ses « académies », qu’ils jouent ensemble – Haydn au violon, Mozart à l’alto. « Toi-même, ami très cher, la dernière fois que tu as séjourné dans cette capitale, tu m’as avoué ta satisfaction. Ce suffrage de ta part est cevingt-quatre ans qui les séparent, l’abbé Maximilian Stadler observe que « Haydn et Mozart étaient comme deux frères ». Dissemblables en tout, l’aîné maître des formes symétriques, universelles (quatuor, symphonie, oratorio), le cadet maître des formes asymétriques, individuelles (quintette, concerto, opéra). Mais égaux en admiration.

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