SVHS : Certaines zones au sein du cercle polaire sont aujourd’hui libres de glace toute l’année. Peut-on encore parler d’un monde polaire ?
Mikaa Blugeon-Mered : En 2019, je proposais l’idée qu’un monde “post-polaire” émergeait, un monde où l’Arctique ne joue plus son rôle de barrière géoclima-tique naturelle aux activités humaines ni de régulateur du climat mondial. Le constat est sans appel : nous perdons l’Arctique et seule une transition vers la neutralité carbone réelle, à l’échelle mondiale, a maxima en 2050, pourrait inverser la tendance au siècle prochain. La mer de Barents, au nord de la Norvège et de la Russie occidentale, est de plus en plus libre de glace toute l’année, avec une massification des activités de tourisme, de pêche, pétrogazières et bientôt minières. Même chose en Alaska avec pêche, énergies renouvelables, exploitation forestière… Et au sud-ouest du Groenland où, là aussi, des potentiels de développement agricoles, aquacoles, miniers ou encore la production massive d’hydrogène émergent.
SVHS : Ces projets se développent autour de l’idée d’une nouvelle “route commerciale polaire”. Or, ce sont en réalité quatre routes qui se dessinent pour connecter notamment l’Atlantique au Pacifique via le nord. Quelles sont leurs particularités ?
Le passage du Nord-Est (PNE), le long des côtes nord-norvégiennes puis russes jusqu’au détroit de Béring , est la route la plus importante. C’est là où se concentrent les exercices et patrouilles militaires, car c’est ici que se développent le plus les activités extractives et de transit : minerais, pétrole, mais surtout gaz naturel. Aussi, petit à petit, on observe un intérêt pour les gaz complexes, des molécules