XVIE SIÈCLE - 1895
Aforce d’être martelées, certaines contrevérités finissent par être perçues comme des évidences. Pour justifier leur volonté obsessionnelle d’annexer Taïwan, les dirigeants chinois l’affirment haut et fort depuis des décennies : ce territoire fait partie intégrante de la Chine « depuis les temps anciens ». Sa population est liée « par le sang » au grand peuple de la mère patrie. Et le moment est venu de « réunifier », par la force si nécessaire, « l’île rebelle » à la Chine éternelle. La réalité historique est cependant tout autre. Non seulement Taïwan n’est entré dans la sphère chinoise que très tardivement et de façon épisodique, mais des siècles d’une histoire mouvementée, marquée par des vagues d’occupations successives, ont forgé une identité insulaire originale, plurielle et métissée.
Au commencement se trouve une île à peine plus grande que la région PACA, peuplée d’une multitude de tribus autochtones austronésiennes et dédaignée par les dynasties impériales chinoises (voir , p. suiv.). (Zhongguo (voir , p. 13) explique l’anthropologue Chantal Zheng, professeur émérite à l’Université Aix-Marseille. Autant dire que l’île fait peur. siècle les seuls à fréquenter ses côtes. Paradoxalement, ce sont les Européens, qui se livrent une concurrence acharnée dans la région pour le contrôle des voies commerciales, qui vont y faire venir les Chinois.