Optimus princeps, le « meilleur empereur »: ce qualificatif montre que Trajan (voir encadré) était sans aucun doute estimé par les Romains. Après sa mort, le Sénat a d’ailleurs souhaité aux nouveaux empereurs proclamés d’égaler son excellence. Mais quel chef de guerre était-il vraiment? Analyser aujourd’hui ses principales campagnes militaires (contre les Daces puis les Parthes) est un exercice difficile. En effet, les écrits documentés de son principat font singulièrement défaut. Le Panégyrique de Trajan de Pline le Jeune, écrit en 100, et les Discours de Dion Chrysostome, rédigés au iie siècle, ne respectent évidemment pas les standards de la critique historique moderne et leur contenu doit être manié avec prudence.
La Dacie, une proie attrayante…
À la fin du ier siècle de notre ère, la Dacie – territoire qui correspond à la Roumanie actuelle – pose problème à Rome depuis plusieurs décennies. Elle demeure en effet trop puissante pour que les légions soient capables de maintenir la sécurité totale de la frontière danubienne. Mais elle regorge d’or, ce qui attire les convoitises. C’est pourquoi, après avoir appris sa propre accession au pouvoir au lendemain du décès de Nerva en janvier 98, Trajan décide la conquête et rassemble, en 101, une armée de 55000 hommes, l’une des plus imposantes jamais réunies par l’Urbs.
En 102, Trajan surnommé Dacicus est célébré pour ses victoires par un triomphe et des jeux.
Fort peu de sources littéraires sont malheureusement disponibles pour analyser la campagne: une seule phrase de la , l’œuvre scripturale de Trajan, et des fragments de l’ de Dion Cassius qui, rédigés au iii siècle, ne fournissent qu’un cadre chronologique large. Seule la colonne Trajane propose un compte-rendu exhaustif de la lutte de Trajan en Dacie., c’està-dire de la forme imposée par la tradition ou l’habitude. Au surplus, les sculpteurs, qui stylisent le déroulement des opérations, n’ont sans doute pas assisté aux combats contre Décébale (v. 60-106), le coriace chef adverse.