A-t-on déjà connu des 24 Heures aussi intenses ?
Cette édition du centenaire a parfois pris des allures de championnat du monde du superlatif. Souvent à juste titre. Effectivement, le plateau était de très haute volée avec pas moins de sept marques présentes dans la catégorie reine (Toyota, Ferrari, Peugeot, Porsche, Cadillac, Glickenhaus et Vanwall). Le déroulement de la course a été très intense, son sort ne se décantant qu’à une heure et quarante-cinq minutes de l’arrivée, avec finalement 80’’ séparant Ferrari de Toyota à l’arrivée. En cela, l’édition 2011 avait fait plus fort : le match entre Audi et Peugeot avait duré jusqu’au dernier tour, la marque aux anneaux l’emportant pour seulement 13 petites secondes ! En revanche, ce qui est assez inédit, c’est la variété constatée aux avant-postes avec pas moins de 34 changements de leader en Hypercar ! Cinq constructeurs différents se sont relayés au commandement : Toyota, Ferrari, Cadillac, Peugeot et Porsche… Voilà qui nous change des éditions précédentes, où Toyota avait trusté la première position, ne concédant qu’un seul tour en tête à Alpine… en cinq ans ! C’est la première fois depuis l’après-guerre qu’autant de marques pointent en tête. Pas de doute : l’Endurance vient de basculer dans une nouvelle ère !
La victoire de Ferrari était-elle prévisible ?
tant le top management de Ferrari était présent pour soutenir le premier engagement depuis cinquante ans du Cheval cabré dans la catégorie reine de l’Endurance. Clairement, les Rouges n’étaient pas venus faire de la figuration au Mans. D’ailleurs, dès sa première apparition en compétition à Sebring en mars dernier, la 499P s’est positionnée comme la principale adversaire de Toyota, en signant pole et podium. Présente sur tous les podiums depuis » Loin de complexer, Ferrari a abordé son retour en terre sarthoise de manière rigoureuse et agressive, avec un sérieux coup de pouce réglementaire (voir par ailleurs). Très véloces dès les essais libres, les 499P ont confirmé en qualification, s’adjugeant avec autorité la première ligne lors de l’hyperpole. Première partie du contrat remplie ! Il ne restait plus qu’à tenir la distance… Ce que les deux protos rouges ont su faire sans encombre ou presque. Un radiateur percé par la projection d’une pierre a condamné les chances de la 50 pilotée par Fuoco, Nielsen et Molina (une petite demi-heure de perdue à la fin de la 10e heure). En revanche, la no 51 a su surmonter les obstacles. Comme lorsque Alessandro Pier Guidi, alors leader, est sorti de piste au Dunlop, peu avant minuit : « » Ou comme lors d’un ravitaillement intervenu le dimanche à 10 h 30, la voiture est restée immobile devant son stand ! Avec calme, Antonio Giovinazzi a alors procédé à un reset de son volant et tout est revenu à la normale ! Entre-temps, la Toyota 8 avait repris la tête… que la Ferrari lui a ravie seize minutes plus tard par un dépassement à la deuxième chicane. Un autre reset sera nécessaire lors de l’ultime arrêt au stand de la voiture de tête, comme pour rendre le scénario encore plus savoureux. Sans conséquence, toutefois : artisan de nombreux succès de la marque en GT, Alessandro Pier Guidi n’avait plus qu’à dérouler jusqu’à l’arrivée pour offrir au Cheval cabré sa première victoire mancelle depuis 1965. La Toyota 8 avait en effet grillé son joker lors d’un tête-à-queue à Arnage, à une heure et quarante-cinq minutes de l’arrivée.
