Comment représenter et faire entendre à un public d'aujourd'hui cette tragédie écrite par Euripide en 431 avant J.-C., dont l'héroïne, devenue ivre de douleur à cause de la trahison dePourquoi, par exemple, avoir brouillé les cartes des genres? Jason et Égée sont incarnés par des comédiennes, Suliane Brahim et Anne Cervinka, et la nourrice, par le charismatique mais toujours aussi difficilement compréhensible, Bakary Sangaré… Pourquoi avoir demandé aux interprètes de jouer souvent au ras du sol, ce qui rend problématique leur audition et la lisibilité de leur jeu? Pourquoi avoir épinglé sur le corsage de Séphora Pondi (Médée puissante et imposante), un énorme cœur rouge fluorescent qu'elle fera éclater entre ses cuisses (!) à l'exécution de son deuxième enfant? Pourquoi avoir accompagné la représentation d'une musique dont la présence continue trouble l'écoute du texte (traduit magnifiquement par Florence Dupont)? Ces interrogations, et bien d'autres, restent sans réponse. Malgré quelques tableaux visuellement réussis et la présence de ces acteurs de haut vol que sont ceux du Français, on sort perplexe de cette représentation expurgée de l'incroyable sauvagerie de son propos, mise à la sauce des « modes » d'aujourd'hui. On devrait éprouver de l'effroi, on s'ennuie.
Médée malmenée
Jun 29, 2023
1 minute
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