C’EST UNE ANALOGIE DE SON INVENTION : Ryan Gosling conçoit son rapport au métier d’acteur comme une partie d’escape game. Une image un petit peu tirée par les cheveux, surtout dans la mesure où il n’a en réalité jamais joué à un escape game, et ne se fait qu’une idée lacunaire de la façon dont les choses s’y déroulent concrètement. “Je devrais sûrement essayer, dit-il, pour voir si ma théorie tient debout.” L’idée générale pourrait se résumer à un environnement inédit et hostile, dont il s’agit de trouver la porte de sortie. Par exemple, en débarquant sur un plateau un jour de tempête pour tourner une scène sans pluie. Ou, poursuit-il, “si votre partenaire de jeu ne veut pas prononcer une ligne de son dialogue, ou si le voisin a décidé de tondre la pelouse”. Comment réagir ?
AVEC LE TEMPS, GOSLING S’EST RENDU COMPTE que cette vision pouvait également s’appliquer à d’autres domaines que son métier d’acteur. Par exemple, pour un gamin qui grandirait dans une ville qu’il n’aime pas et dont il chercherait l’issue de secours. Ou lorsque vous essayez de formuler quelque chose sans arriver à trouver les mots justes, et que vous décidez de l’exprimer sous forme de film. Ou lorsque vous n’avez jamais imaginé fonder une famille, et que vous rencontrez soudain une personne qui transforme radicalement la façon dont vous vous percevez et dont vous envisagez votre avenir. La vie s’impose à vous, dans toute son imprévisibilité, ses idiosyncrasies, et vous y répondez par des actes qui font de vous un artiste. Rester ouvert à l’imprévu a été un positionnement plutôt profitable à Ryan Gosling. Son premier rôle un tant soit peu exposé était celui d’un juif new-yorkais qui virait néonazi, dans Danny Balint en 2001. Le jeune homme n’était rien de tout cela, ce que le réalisateur Henry Bean avait alors trouvé plutôt à son goût. “Le fait que je ne sois pas fait pour le rôle s’est revélé la raison même pour laquelle Henry a estimé que j’étais fait pour le rôle”, explique-t-il. Même rengaine trois ans plus tard, pour la romcom qui marque pour lui le franchissement d’un nouveau cran de célébrité, N’oublie jamais. Son réalisateur Nick Cassavetes lui a dit de but en blanc : “Tu n’as pas la trempe d’un acteur qui serait une star de manière innée, et c’est justement pour ça que je veux que tu sois la star de mon film.” Ryan a eu le rôle et n’a plus jamais quitté la tête des affiches depuis lors.
plus ou moins son travail d’acteur comme une pratique thérapeutique, ou une manière de “[s]’enseigner à [lui]-même qui [il était]”. Il était alors, à travers ses films, en quête d’expériences, d’émotions et de sensations étrangères. Par moments, ce qu’il faisait ne ressemblait plus tellement à du jeu. “Bien que je sache que Ryan a regardé beaucoup de films, sa façon de jouer peut laisser croire qu’il n’en a pas vu tant que ça”, selon Emily Blunt, qui l’a récemment rencontré sur le plateau de , remake de la série culte . Lors du tournage de , en 2010, Gosling a emménagé un temps dans la maison servant de décor au film, avec sa partenaire à l’écran Michelle Williams. Un an plus tard, pour Drive, il a passé des jours entiers à sillonner les rues de Los Angeles avec Nicolas, le film suivant de Refn, la star est partie vivre des mois en Thaïlande, s’entraînant dans des camps de Muay Thai et s’exerçant au combat. “Et il me semble qu’au final je n’ai pas eu une seule scène de boxe thaï dans le film”, ajoute-t-il. Le metteur en scène a pris une autre direction, dans laquelle il l’a suivi sans réserve. “Je n’avais pas accepté le rôle pour faire du kick-boxing.”
