Côté Paris

ARRÊT SUR IMAGES

Son chat Rudolph, de 23 ans, habite toujours son atelier. Sa fille Fiammetta Horvat le partage désormais avec des chercheurs, étudiants et amateurs lors de conférences et de visites particulières. Cet antre de la création, construit par son père dans les années 1980, vibre encore des centaines de projets échafaudés, réalisés et aujourd’hui archivés. Au rez-de-chaussée, » Frank Horvat en convie certains à de longs échanges sur ce qu’est la photographie, les compulsant dans un livre, . Le premier étage est demeuré intact, entre les fonds cyclos prêts à l’emploi, le mur d’affichage ou encore l’antique table lumineuse, les agendas, les boîtes d’ektachromes, les centaines d’archives. Cette dernière souligne cette incroyable richesse: plus de 8000 images classées et encore des milliers dont le traitement est en cours. Sont ainsi montrés au Jeu de Paume (jusqu’au 17 septembre) 170 tirages, dont certains d’époque et d’autres inédits, et plus de 70 documents originaux, en trois chapitres. Le premier illustre l’arrivée à Paris de ce jeune Italien, qui veut devenir reporter, car l’agence Magnum y a son siège. Cartier-Bresson, alors son directeur, lui conseille d’acheter un Leica et de ramener une histoire. Frank Horvat part pour le Pakistan de 1952 à 1954, où il prend de rares clichés de jeunes filles lors d’une cérémonie. Puis s’enchaînent l’Inde et la misère de Calcutta, Paris et ses nuits, celles du cabaret Sphinx… Ces photographies s’affichent en Une de à . Il propose des points de vue inédits de Paris au téléobjectif Novoflex, dans lesquels l’espace public sature, les enseignes se détachent, le mobilier urbain devient graphique. Ces images nouvelles, effet de grain et contraste accentué, interpellent la mode. La deuxième partie témoigne de son apport radical à celle-ci. Il accepte une commande de à condition de travailler comme pour un reportage. Les mannequins descendent donc dans la rue, avec peu de maquillage et une lumière naturelle. S’ensuit une reconnaissance internationale avec , . En 1962, il repart pour un tour du monde des douze plus grandes villes non européennes: Tel-Aviv, Le Caire, New York, Caracas, Rio de Janeiro, Dakar. Et cela constitue le troisième volet. Virginie Chardin explique: Il abandonne par la suite le reportage, sans renoncer à ses explorations. Elles sont dorénavant autant techniques qu’artistiques. L’emploi du tirage Fresson, au procédé charbon, l’amène à réaliser des portraits d’arbres, son utilisation en pionnier de Photoshop le pousse à concocter un conte-roman-photo du . Il va jusqu’à imaginer une application spéciale iPad: « Horvatland». Ses archives, vivantes entre les mains de sa fille, réservent encore bien des surprises.  

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