C’EST UNE PLONGÉE VERTIGINEUSE dans la psychologie russe. Sans concessions sur sa patrie d’origine, le philosophe Mikhaïl Epstein décrit en quoi l’invasion de l’Ukraine est fortement liée aux spécificités socio-historiques de la Russie contemporaine, vidée de tout projet idéologique, au point qu’« il ne lui reste qu’un désir d’expansion effréné et la haine de tout ce qui n’est pas russe ». En filigrane, le professeur à l’université Emory, à Atlanta (Etats-Unis), dresse le portrait tragique d’un pays prisonnier de son histoire et de sa sociologie, devenu « l’antithèse du monde moderne ». Entretien.
Dans un récent ouvrage, « L’Anti-Monde russe » [publié en russe aux Etats-Unis, non traduit], vous expliquez que l’invasion de l’Ukraine est largement due aux spécificités socio-historiques de la Russie contemporaine…
L’idée centrale qui traverse la Russie contemporaine est celle d’un monde russe reposant sur le passé mythifié d’un grand empire, combinant