Cahiers de Science & Vie : En tant qu’archéologue, quel intérêt portez-vous aux cités portuaires?
Michel L’Hour : Je vous dirais d’abord que même enfant, j’étais déjà un amoureux des ports. Ils ont quelque chose de fabuleux. Comme une porte ouverte vers l’inconnu. Ensuite, je me suis intéressé aux épaves et me suis spécialisé dans l’archéologie sous-marine. Or les naufrages sont nécessairement plus nombreux dans les zones les plus fréquentées par la circulation maritime et du même coup sur les atterrages des structures portuaires. En outre, comme les ports canalisent les flux de navigation, ils jouent un rôle primordial tant pour le commerce que pour les armements en guerre et concentrent toute une population qui vit par et pour la mer. Ce n’est pas rien! D’autant que ce sont aussi des lieux d’intense brassage culturel. D’ailleurs, lorsque nous avons fouillé les deux épaves de la Natière, avec Élisabeth Veyrat, nous avons longtemps hésité sur la nationalité d’origine des navires. Sur ces deux épaves, étudiées dans l’avant-port de Saint-Malo, on trouvait en effet aussi bien de la vaisselle anglaise que des céramiques françaises ou des bouteilles hollandaises