Le Journal du dimanche

États-Unis : lectures sous surveillance

Envoyée spécialeFloride et Illinois (États-Unis)

Elles sont devenues les terreurs des écoles. De gentilles mères de famille qui roulent en gros 4×4. Toujours disponibles pour leur progéniture, entre gâteaux et matches de baseball. Coquettes, diplômées et intraitables, elles surveillent comme le lait sur le feu les lectures de leurs enfants, qu’ils aient 3 ou 17 ans. Le sexe et les questions raciales sont leurs obsessions. Les Moms for Liberty sont à l’origine de la vague de censure qui secoue et divise des États-Unis déjà profondément fracturés. Un siège en règle des bibliothèques scolaires et publiques lancé depuis leur cuisine ou leur salon.

Jennifer Pippin, 38 ans, a donné rendez-vous devant le bâtiment administratif d’une école de Vero Beach, en Floride, où elle réside. Sur la banquette arrière de son 4×4, elle a posé un gros carton. Il contient le combat de sa vie, l’objet de sa révélation idéologique. « Regardez, cette bande dessinée sur Anne Frank, je ne m’en sépare jamais, lâche-t-elle. C’est une libre interprétation de la vie de la jeune fille, qui, si elle avait vécu, aurait été lesbienne, selon son auteur. Qu’est-ce qu’il en sait, et quel est le rapport avec l’Holocauste, qui passe complètement au dernier plan ? Mais quand on a voulu faire interdire ce livre, les gauchistes ont fait courir le bruit qu’on voulait bannir le récit originel d’Anne Frank ! Avec eux, l’émotion passe toujours avant les faits ! »

La lame de fond des, les bannissements d’ouvrages, ne cesse de grossir. De 2021 à ou encore Donna Marino, à Chicago, qui a capitulé. Toutes disent leur peur face à cet assaut massif. Ce n’est pourtant pas la première fois que des conservateurs et puritains s’attaquent à des livres aux États-Unis. rappelle Jonathan Friedman, l’auteur du rapport de Pen America.Selon l’ALA, il y a encore quelques années, les réclamations des parents étaient rares et ne concernaient en général qu’un seul ouvrage.souligne Deborah Caldwell-Stone, directrice de l’ALA.Les géants de la littérature ne sont pas épargnés : Shakespeare, Mark Twain et même la Bible, dans l’État mormon de l’Utah, ont été ciblés. Une femme a bataillé contre, invoquant ses croyances religieuses incompatibles avec la sorcellerie du roman de J.K. Rowling.

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