l faut s’affranchir de certaines idées reçues. Nanni Moretti a la réputation de faire la gueule, d’être intransigeant, parfois intimidant quand son regard se perd dans le vide alors qu’il vous répond, comme s’il était ailleurs. Pas du tout. À bien l’observer, le cinéaste italien est en fait un homme en constante réflexion. Il peut se taire dix secondes pour chercher le mot juste. Et reprendre la traductrice si elle n’a pas choisi le terme français parfait, lui qui comprend mieux notre langue qu’il ne la parle. Il n’aime pas trop analyser ses films et préfère s’entretenir de cinéma. Avec ce regard certes distancié, mais aussi connivent et joueur, son envie que la vacherie ou le trait d’esprit qu’il vient de balancer atteigne parfaitement son but. Dans « Vers un avenir radieux », il met en scène son éternel double cinéaste, cette fois vieillissant, désabusé face à un monde moderne qu’il ne comprend plus. On pourrait penser qu’avec ce film savoureux et plein d’idées, il annonce sa sortie. Mais pas du tout. C’est avec une jeunesse retrouvée
