La grande basse russe Feodor Chaliapine (1873-1938) a laissé deux autobiographies : l’une, écrite avec Maxime Gorki en 1916, augmentée en 1926 (Pages de ma vie); l’autre datant de 1932, traduite la même année en français (Ma vie). Tout en s’y abreuvant, la musicologue Sylvie Mamy nous offre aujourd’hui une somme biographique amplement documentée, riche d’une foisonnante pluralité de sources et de témoignages, permettant d’embrasser vie, tempérament et carrière d’un artiste au parcours hors norme.
L’homme est fait de paradoxes : issu d’un milieu miséreux, il connaîtra en artiste des Théâtres impériaux… ou en ami solidaire de Gorki le révolutionnaire. L’artiste, lui, a des débuts bohèmes : fasciné par le théâtre, l’adolescent part en troupe itinérante à dix-sept ans, avant même ses premiers cours de chant. Il entre ensuite à l’Opéra privé de Moscou dirigé par Mamontov. De 1897 à 1899, il y forge son style avec ses premiers grands rôles, dont Boris.