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Femmes puissantes
La Symphonie oubliée par Debora Waldman et Pauline Sommelet. Robert Laffont, 264 p., 19 €.
Le 1 juillet dernier, à la Maison de la radio, Debora Waldman dirigeait l’Orchestre national de France dans la (1914-1917) dite « », de Charlotte Sohy (1887-1955) – partition habitée par la tragédie du premier conflit mondial mais en quête de contrastes, assumant l’influence de Wagner et de César Franck tout en creusant son propre sillon, qui ne manque pas d’audace. Ce n’était pas une première, mais presque : l’exhumation de l’œuvre avait eu lieu deux ans plus tôt, à Besançon, sous la même baguette désireuse de rendre justice à une créatrice que la postérité a largement négligée. « Combien sont-elles, comme elle, à attendre dans les greniers de l’histoire qu’un bon génie les réveille? », se demande Debora Waldman dans son essai coécrit avec la journaliste Pauline Sommelet. Toutes deux s’emploient, sous une plume alerte et soignée, à mettre en lumière une personnalité attachante que la cheffe d’orchestre a découverte à partir de 2013 grâce à son petit-fils, François-Henri Labey, de son époux, qui lui donnera sept enfants, la compositrice a elle-même laissé une quarantaine d’opus, dont un drame lyrique, , créé en 1947 à Mulhouse sous la direction d’Ernest Bour, avec Denise Scharley dans le rôle-titre. Debora Waldman entrelace ce chemin semé d’embûches, marqué par la détermination à être jouée même quand l’intérêt des programmateurs et du public décline, avec le récit de son propre parcours, également porté par le désir de vivre pour la musique sans jamais se décourager. Née à Sao Paulo, élevée en Israël dans un kibboutz, la musicienne a étudié la composition et la direction d’orchestre à Buenos Aires, puis assisté Kurt Masur à Paris, avant de décrocher son premier poste de directrice musicale à l’Orchestre national Avignon-Provence à l’âge de quarante-deux ans. Debora Waldman, peut-être, aurait pu se livrer davantage sur ses dilections, expériences et aspirations musicales. Mais si elle reste discrète sur ce point, c’est sans doute pour la bonne cause : faire toute sa place à Charlotte Sohy, femme lettrée et cultivée dont l’œuvre musicale mérite d’être entendue.
