Tout juste sorti de la séquence explosive sur les retraites, le ministre du Travail, du Plein-emploi et de l’Insertion Olivier Dussopt s’attaque à un autre dossier inflammable: la refonte du service public de l’emploi, où cohabite une kyrielle d’opérateurs plus ou moins coordonnés: Pôle emploi, missions locales, Cap emploi, Apec… Un millefeuille administratif qui consterne Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation Ifrap et auteure d’une récente charge contre l’obésité de la dépense publique (Où va notre argent?, Editions de l’Observatoire).
Dans son dernier livre, Agnès Verdier-Molinié estime que le Revenu de solidarité active (RSA) s’apparente aujourd’hui à « un revenu social sans contrepartie, qui ne mène nulle part ». Qu’en pensez-vous?
Sans être aussi abrupt, je partage assez ce sentiment. Le premier constat, c’est que les allocataires du RSA ne sont pas tous accompagnés sur le plan professionnel. Si l’immense majorité d’entre eux fait l’objet d’un suivi social, seuls 45 % sont orientés vers Pôle emploi et font donc l’objet d’un suivi professionnel. Il y a là une forme d’absence de contrepartie. Le second point, c’est que les départements qui ont la charge du RSA – anciennement, du RMI – ont longtemps été tenus par la loi de consacrer entre 10 % et 12 % du montant total des dépenses liées au RSA à des politiques d’insertion. Depuis 2004, cette obligation a été levée. Par choix ou du fait de contraintes budgétaires, l’intensité de l’accompagnement est devenue très inégale d’un département à l’autre. Globalement, le RSA est un échec collectif. Début 2022, la Cour des comptes a étudié ce que devenaient les allocataires sept ans après leur première inscription: 42 % d’entre