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LES MAÎTRES DES MARÉES METALLICA

ILS JOUENT À UNE VITESSE dont peu sont capables, mais pour enregistrer des albums, ils sont plutôt lents. Presque sept ans se sont écoulés depuis le dernier Metallica, Hardwired…To Self-Destruct. La tournée a duré jusqu’en 2019 et, en 2020, ils ont commencé à préparer 72 Seasons. Cela donne une douzaine de chansons sur 77 minutes. James Hetfield, le chanteur, et Lars Ulrich, le batteur, l’ont produit avec Greg Fidelman.

La chanson-titre donne le ton: sur 72 Seasons, il est question des dix-huit premières années de la vie d’un être humain, la période qui façonne notre personnalité et notre vision du monde. Sommes-nous condamnés à reproduire les erreurs de nos parents ou pouvons-nous nous en affranchir? Est-il possible de se débarrasser des peurs enfantines et de se réinventer en tant qu’adulte sans trimballer éternellement les vieilles blessures et la rancœur liée à une enfance et à une adolescence malheureuses? Voilà les thèmes qu’Hetfield aborde ici. Ce sont des sujets qu’il a toujours traités, parfois plus, parfois moins. On aurait bien aimé en parler avec lui, mais le chanteur n’a pas souhaité accorder d’entretien. Tout est dit dans les textes des chansons. C’est donc le notoirement prolixe Lars Ulrich qui s’y colle. Il est d’ailleurs étonnant que deux types aussi différents aient pu tenir quarante-deux ans dans un groupe. Avec ses tendances à ruminer, Hetfield a peut-être justement besoin du lapin Duracell danois, toujours chargé en bonnes ondes.

Récapitulons brièvement le passé du plus grand groupe de metal du monde, fondé en 1981 à Los Angeles, quand James Hetfield a répondu à une petite annonce de Lars Ulrich, dont tout fan de metal connaît le contenu: “Drummer looking for other metal musicians to jam with Tygers of Pan Tang, Diamond Head and Iron Maiden.” Le bassiste Cliff Burton est arrivé en 1982, le guitariste Kirk Hammett, en 1983. Depuis San Francisco, le groupe a défini avec son premier album ce qu’est le thrash metal: nulle part ailleurs on n’entend ce son rapide et agressif de manière aussi impressionnante que sur Kill ’Em All (1983) et Ride the Lightning (1984), et surtout sur le chef-d’œuvre Master of Puppets (1986) et le non moins renversant – quoique déjà légèrement ralenti – …And Justice For All (1988), où figure leur premier hit, “One” (plus de sept minutes au compteur).

Ils se sont ensuite encore davantage ouverts à un metal plus grand public. Le “Black Album”, ou juste , les a propulsés en 1991 dans une autre dimension – MTV s’est mis à diffuser quelques-unes de leurs chansons en mode heavy rotation: “Enter Sandman”, (1996) et (1997) devaient consolider le succès. Sur ces entrefaites est arrivé le grunge, ils avaient l’air un peu déplacés, mais ils continuaient à remplir les salles et les stades.

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