Hamdi Ulukaya n’aime guère troquer sa chemise et sa casquette estampillées Chobani, du nom de son entreprise américaine de yaourts à la grecque, contre l’uniforme costume-cravate. « Dans cette tenue, je ne suis pas moi-même, je n’arrive pas à penser normalement », plaisante dans un éclat de rire contagieux le chef d’entreprise natif de Turquie, silhouette affûtée sanglée de gris et cheveux perpétuellement en bataille.
En cette pluvieuse soirée de février, celui que Time Magazine a sélectionné en 2017 parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde est le guest of honour, l’invité d’honneur de Denise Campbell Bauer, ambassadrice des États-Unis à Paris. Comme à Londres la veille, il est venu présenter sa fondation, The Tent Partnership for Refugees (« le partenariat Tente pour les réfugiés »), à la trentaine de sociétés tricolores réunies sous les dorures de l’hôtel de Pontalba, la résidence officielle de Mrs Bauer.
Son message, ciselé par des années de discours et d’interviews, tient en quelques phrases. Qu’ils soient ukrainiens, afghans ou syriens, les millions d’hommes et de femmes contraints à l’exil ont besoin des entreprises pour s’intégrer dans leur pays d’adoption. « Parce que dès l’instant où un réfugié décroche un emploi il cesse d’être un réfugié », martèle-t-il.
Ce soir-là, il dégaine un sondage paneuropéen en guise d’argument : indique-t-il. Parmi les des 5 600 sondés, 51 % disent oui, 12 % seulement s’y opposent. De quoi alimenter, peut-être, le débat parlementaire français sur le projet de loi immigration et intégration, temporairement suspendu : ces chiffres donnent un bon argument pour sauver l’article 4 du texte, qui